La saison est peut-être déjà commencée pour certains et certaines, pour d’autres ce n’est qu’une question de temps. Bref, maintenant que l’hiver est derrière nous, il est temps de commencer à rouler.
L’hiver est idéal pour passer des heures devant l’ordi à magasiner des accessoires, visionner des vidéos de manœuvres de dextérité ou encore une vidéo de voyage avec des paysages invitants. Vous avez aussi probablement préparé votre moto et fait de la planification pour la prochaine saison.
Voyages, destinations, évènements, jusqu’où allez-vous dans votre planification?
Êtes-vous du genre « rien ne m’échappe »? Du genre je planifie mais aime bien improviser? Ou encore êtes-vous du genre à avoir « googlé » le mot planification parce que vous n’avez aucune idée de quoi il s’agit?
J’aimerais pour ce texte apporter des idées de réflexions pour cette planification.
La Forme physique
Il est évident que quelqu’un qui s’adonne au double usage aura compris qu’une certaine forme physique est requise. En effet, la moto aventure est beaucoup plus taxante physiquement que la moto de route. Il est donc important d’avoir une certaine préparation quant à notre remise en forme avant d’affronter les pires sentiers.
Sans vouloir prétendre qu’il nous faut une forme olympique pour faire de la moto aventure, il est primordial d’avoir un minimum d’endurance. Rouler avec une moto qui pèse plus ou moins 210 kilos dans des conditions corsées demande une bonne forme physique. Relever sa moto après une chute, et ce même si on possède la bonne technique, exige un effort physique.
Avant de vous aventurer en sentier ou sur des routes qui présentent des difficultés, pensez à votre remise en forme physique. Ou du moins, assurez-vous que vous avez ce qu’il faut pour rouler dans de telles conditions.
Dans le monde de la moto, on aime bien s’assurer que la moto, l’équipement et les accessoires sont en parfaite condition. Mais qu’en est-il de la condition de la pièce la plus importante du puzzle?
La première de l’année
Quand le 16 mars arrive enfin, que les conditions sont enfin adéquates, il n’en faut pas plus pour que la saison prenne son envol.
J’aimerais ici vous faire partager une expérience vécue dernièrement. Comme la neige fut rare cet hiver et que le début du mois de mars aura été anormalement chaud, certains sentiers sont déjà accessibles. Lors de ma première sortie, je me suis permis d’aller rouler dans ses sentiers plutôt que d’y aller de ma traditionnelle « ride de stationnement » pour me réapproprier ma moto. Eh bien laissez-moi vous dire que j’ai vite réalisé que les réflexes n’y étaient pas vraiment…
Morale de l’histoire, y aller mollo pour la première sortie. J’irais même jusqu’à dire y aller mollo pour LES premières sorties.
Les réflexes se perdent durant l’hiver. Commencer tranquillement pour que la saison dure longtemps est ce que l’on espère. Allez-y à votre rythme.
Autre détail dont je me permets de vous faire part. Le printemps, lors des premières sorties, souvent nos motos ont des accessoires qu’elles n’avaient pas lorsque nous les avons hivernisées. Donc il se peut que nous soyons distraits par ces ajouts. Il se peut aussi que ces accessoires ou certaines modifications changent le comportement de la moto. Il est donc important d’ajuster ses premières sorties en conséquence.
Il n’y a pas que les ajouts à la moto qui peuvent nous déranger. Un nouveau manteau, un nouveau casque, un nouveau système de communication, un nouveau GPS, sont toutes des sources de distraction.
Une formation avec ça?
Chaque fois que je parle de formation, je ne peux m’empêcher de comparer les motocyclistes avec athlètes professionnels. Je m’explique, mais d’abord une question. Que font les athlètes professionnels, tels que Sydney Crosby, Lionel Messy, Lebron James ou Leylah Fernades entre leurs matchs ou entre chaque tournoi? Ils et elles s’entraînent, s’entraînent et s’entraînent encore. Tout ceci dans le but de développer des réflexes, perfectionner des techniques, etc.
Si des athlètes, au sommet de leur art, travaillent toujours à s’améliorer, je considère que nous motocyclistes devons nous entraîner pour rouler sécuritairement. J’espère ne rien vous apprendre en affirmant que la moto est une activité à risque. Cependant, la plus grande source de risque est souvent la personne qui tient le guidon…
Plusieurs options s’offrent à vous si vous prévoyez une formation. De la journée de réadaptation offerte par la FMQ à la formation privée de deux jours, les offres sont très variées.
Juste au Québec, je compte plus de six écoles de formation en pilotage moto. Chacune avec ses caractéristiques et approches distinctes. Vous y trouverez assurément une option qui vous convient.
La formation n’est pas une obligation, mais vous en sortirez assurément plus confiant ou confiante pour affronter les sentiers et les défis de rouler dans le trafic.
La randonnée de groupe
Il m’arrive très fréquemment de mener des randonnées de groupes lors d’évènements tels que la Classique et La Ride des débutants entre autres. L’erreur, que je vois le plus souvent, est la surévaluation des participants.
Certains motocyclistes se considèrent d’un niveau supérieur à celui du groupe dans lequel ils prennent part. Résultats, soit ils quittent la randonnée avant la fin, soit ils demandent à changer de groupe, ou soit ils sont victimes d’accidents.
Si vous participez à une randonnée organisée et que vous vous inscrivez dans un groupe de personnes que vous ne connaissez pas, sous-évaluez-vous. Oui vous avez bien lu, sous-évaluez-vous! Inscrivez-vous ou demandez à faire partie d’un groupe qui fera un parcours facile pour vous.
Si vous voulez faire une randonnée de groupe de parcours difficile, au-delà de votre niveau, organisez-vous un groupe avec des gens que vous connaissez. Allez-y avec des gens avec qui vous avez l’habitude de rouler. Il sera alors plus facile ou plutôt moins gênant de demander à ralentir le rythme, ou simplement juste de donner son impression sur la façon de rouler du groupe.
Les randonnées organisées ne sont pas des courses ni des compétitions. Le respect de limites de vitesse et de ses limites personnelles est la clé du succès d’une randonnée de groupe.
Donc si vous prévoyez faire de telles sorties cette saison, jouez la carte de la prudence et profitez du paysage. Je crois que vous passerez une plus belle journée si vous ne roulez pas au-delà de vos limites.
Le voyage en motocamping
Le voyage à moto avec camping en forêt est l’essence même de la moto aventure. Partir avec sa moto chargée de tout ce que nous aurons besoin, c’est génial.
C’est génial, toutefois rouler avec une moto chargée change son comportement. Si vous le pouvez, je vous propose, avant de partir en voyage, de faire au moins une randonnée pour vous assurer que la moto sera bien chargée. Vous pourrez alors faire vos ajustements autant sur la moto que dans votre façon de la manier, elle qui sera assurément plus lourde qu’à l’habitude.
Lors de la préparation de votre itinéraire, je suggère de planifier les parcours quotidiens en fonction du niveau de difficulté et non du nombre de kilomètres. Par exemple, pour un motocycliste de route, il est facile de faire une journée de 500 km, cependant, sur route non pavée, voire même non entretenue, les défis rencontrés peuvent ralentir le rythme. Et 500 km de route à 90 km/h versus 500 km à 50 km/h, ce n’est pas la même histoire. Je propose aussi de prévoir deux ou trois options pour les endroits où camper. La fatigue doit dicter la longueur des parcours quotidiens. Il n’y a pas d’obligation. Garder en tête que vous avez toujours le choix. Vous pouvez prendre des risques inutiles loin de tout, ou encore « jouez safe », à vous de voir.
Partager pour mieux planifier
Si vous roulez depuis plusieurs années, vous avez probablement votre façon bien à vous de faire vos préparatifs.
Ici je ne fais que partager des idées et des expériences acquises au cours de mes années de moto. Mon but est uniquement de vous en faire part pour que vous puissiez à votre tour profiter de votre moto comme je le fais.
La planification est la clé pour passer du bon temps à moto. Cependant, si comme moi vous avez tendance à plus ou moins suivre le plan, vous découvrirez le plaisir de rouler avec une moto capable de presque tout. Vous découvrirez aussi vos limites et des ressources que vous ne pensiez pas avoir.
Bonne saison à tous et à toutes!
Jean-Philippe Tremblay
Chroniqueur