Comme vous avez pu le lire dans mon article précédent, mon premier voyage de moto à titre de retraité ne s’est pas déroulé comme prévu. Les provinces maritimes ont été pour moi une solution de rechange de premier choix.
Ce voyage m’a permis de visiter l’Île-du-Prince-Édouard. Celle-ci est la plus petite province canadienne en superficie (environ 10 fois l’île de Montréal). Elle est la moins populeuse du Canada (environ 165 000 habitants). Elle regorge tout de même de paysages et de sites touristiques dignes d’intérêt. L’Île offre une multitude de routes longeant la mer avec une qualité de bitume qui ferait rougir de honte nos routes du Québec.
Afin de vous permettre d’admirer le pont de la Confédération en toute sécurité, un petit parc a été aménagé juste avant de traverser le détroit de Northumberland. Pour vous y rendre, vous devrez emprunter la dernière sortie avant le pont. De cet endroit, vous pourrez admirer l’ouvrage long de 13 km inauguré en 1997. Une fois traversé, un parc vous permettra aussi de le voir depuis l’Île.
Dans ma planification de voyage, j’ai choisi un petit motel près de Cornwall pour une durée de quatre jours.
Jour un : Charlottetown, la capitale de la province. Le vieux quartier de la ville est composé de plusieurs petites rues où s’alignent des maisons plus que centenaires. Les bâtiments minutieusement entretenus par leurs propriétaires sont aussi beaux les uns que les autres. C’est un véritable plaisir de marcher dans les rues de cette ville qui est le berceau de notre confédération. Je prévoyais visiter l’Assemblée nationale mais la COVID a sévi. Le gouvernement de l’Île a profité de l’occasion pour entreprendre des rénovations majeures de l’immeuble. Celui-ci est fermé au public jusqu’au printemps 2022. Le jour de mon passage, le bâtiment est entièrement recouvert d’immenses bâches. Après un dîner sur une barge dans le port, j’ai parcouru avec plaisir le vieux quartier jusqu’en soirée. J’ai profité de l’occasion pour déguster des bières locales et manger le meilleur fish’n chip de l’Île. Demain, je roulerai en direction la ville de Souris et de la pointe la plus à l’est de l’Île.
Je me lève tôt et après un bon petit déjeuner j’enfourche ma Harley sous un soleil splendide. Je prends la direction d’East Point Lighthouse, le point le plus à l’est de l’Île. Après avoir traversé la capitale, j’emprunte la route 2, puis la 16 qui longe la mer. Après un petit détour vers la ville de Naufrage, je roule toujours vers l’est. Je m’arrête au One Tuna Cafe où le menu change au gré des arrivages. Mon dîner sera un délicieux sous-marin au homard. Rien à voir avec les sous-marins des chaînes de restaurants! En quelques minutes, je suis arrivé au fameux phare d’East Point. La vue en valait le déplacement. Sur le chemin du retour, les amateurs de plages seront servis. Mais il faut une bonne dose de courage pour plonger dans les eaux froides du secteur.
J’arrive à Souris, un vrai village acadien. Cet endroit est le point de départ du traversier vers les Îles-de-la-Madeleine. J’ai la chance de voir le bateau arriver et je me dis que dans un voyage prochain, j’irai aux Îles. Je quitte rapidement la 16 pour une vraie route de campagne, la 310. J’enfile les routes du littoral les unes après les autres, les paysages sont splendides. La fin de mon périple de la journée s’achève dans la petite communauté de Victoria. Le temps semble s’être arrêté au début du 20e siècle. Cette petite ville est tellement belle. Malheureusement j’y arrive vers 19 h. Juste à temps pour souper dans un des petits restaurants sur le quai. Je retourne finalement au motel pour une bonne nuit de sommeil.
Aujourd’hui, direction le pays d’Anne… La maison aux pignons verts. Partout sur l’Île, on ressent la présence de la petite orpheline aux cheveux roux, la fillette la plus populaire de la province. Encore la route 2 aujourd’hui, mais je tourne rapidement sur la 6 vers le parc national de l’Île-du-Prince-Édouard. Le Gulf Shore Parkway vaut le détour, une route impossible à décrire tant la vue y est magnifique. Le Parkway, comme les gens de la place le nomme, est divisé en deux parties : la section est et la ouest. Si j’ai un conseil pour vous, les deux portions valent le détour.
Nous voilà maintenant au cœur de Cavendish, berceau d’Anne of the Green Gables. Tout y est : des musées, un centre d’interprétation, la maison qui a inspiré l’œuvre et j’en passe. Cavendish se targue d’avoir les plages avec l’eau la plus chaude de l’Île, je vous laisse en faire l’essai. Lors de mon passage, le ciel était gris, j’ai passé mon tour. Cavendish est aussi célèbre pour ces terrains de golf qui semblent tous aussi beaux les uns que les autres. Malheureusement pour moi, mes bâtons sont à la maison. Je me dirige vers la baie de Malpèque, célèbre pour les huîtres. Tout à coup, j’aperçois la navette spatiale Columbia. La théorie du complot est enfin démasquée. La navette est bien là… au centre d’un parc d’attraction fermé depuis quelques années. Effectivement, au cœur du parc il y a une réplique grandeur nature de la navette Columbia.
Tout autour de moi, il y a des fermes d’élevage d’huîtres dans chaque petit racoin de la baie. Je retourne vers mon motel en traversant la ville de Kensington, capitale des choux de Bruxelles. Pour moi qui roulais depuis trois jours entouré de champs de patates, voilà tout un changement. Pour les mordus d’Anne, vous pouvez prévoir deux jours dans le coin de Cavendish, c’est un des plus beaux coins de la province.
Pour mon dernier jour à l’Île, je me dirige vers le point le plus à l’ouest. Tôt le matin, je pars vers Summerside pour ensuite tourner vers la route 12 qui ceinture le nord de l’Île. Je me promets de traverser les villes de : Woodstock, Brooklyn, Alma, Norway, West Point, Alaska et pour finir, Lady Slipper. Avec de pareils noms de villes, je crois faire le tour du monde en une seule journée. Je me dirige vers Tignish pour ensuite me rendre à North Cape, le point le plus au nord de l’Île. Sur place, il y a un parc d’éoliennes près du vieux phare. De toute façon, les éoliennes font partie du décor de cette province. En roulant sur la 14, le bord de la mer est omniprésent et les occasions de photos ne manquent pas. En roulant sur la route 11, vous croiserez une immense église catholique sortie de nulle part. Prenez le temps d’arpenter le cimetière au bord de la mer et imprégnez-vous de l’histoire des lieux.
De retour à Summerside pour le souper, je fais la connaissance d’un gars des Îles-de-la-Madeleine en voyage de moto lui aussi. Il a remarqué ma plaque du Québec. Il est sur le chemin du retour, il arrive de Toronto et de la baie Géorgienne. Nous mangeons ensemble dans un sympathique bistro. Au cours de notre conversation, il me parle de l’Atlanticade Motorcycle Festival qui a lieu ici à Summerside. Je n’ai jamais entendu parler de ce festival de moto qui, me dit-il, a lieu depuis plus de 15 ans. Il m’en parle en bien et il fait le voyage depuis huit ans pour y participer. Malheureusement, en 2021, l’évènement n’a pas eu lieu. Pour 2022, je vais mettre ce voyage dans mon agenda. Après un excellent souper en bonne compagnie, nous partons chacun de notre côté, lui vers Souris et moi vers Sackville (N.-B.) pour la suite de mon voyage.