Il y a de ces motos qui changent un peu les idées qu’on se faisait d’un constructeur et dans quelques rares occasions, celles qui bouleversent complètement l’histoire d’une marque. Harley-Davidson est venu bousculer le monde de la moto en annonçant l’arrivée de sa toute première moto 100 % électrique, la LiveWire. Et comme si ce n’était pas assez pour cette année, un autre modèle qui amène tout autant de nouveautés chez ce constructeur, la Pan America.
Bien qu’Harley-Davidson ait tenté d’entrer le marché des motos aventurières il y a quelques années avec la Buell Ulysses, les résultats n’étaient pas au rendez-vous à ce moment, tout comme les autres modèles de cette division spéciale. Ainsi, il aura fallu dire adieu rapidement à l’histoire trop courte de Buell.
Quinze ans plus tard, Harley-Davidson revient en force et nous présente maintenant la Pan America. Équipée des dernières technologies, d’une mécanique inédite et de tout ce qu’il faut pour devenir un véritable cheval de bataille réussissant à pénétrer ce créneau de marché en grande expansion. Nous croyons que la Pan America possède toutes les qualités requises pour se tailler une place de choix. Découvrez pourquoi.
Quelle gueule!
La première chose qui nous frappe, c’est le look de la Pan America. Ligne de lumières DEL à l’avant et formes qui nous font penser à un véhicule spatial sorti d’un film de science-fiction. On va se le dire, les formes ne plaisent pas à tous avec ses lignes futuristes et complètement ailleurs que celles classiques des autres modèles de la marque… Tant mieux si on a quelque chose de différent, car les motos de type aventure ont besoin d’une certaine architecture, d’une garde au sol élevée, de suspensions à grand débattement, etc. Toutes des caractéristiques qui ne vont pas de concert avec l’allure classique des motos customs. De plus, on doit saluer l’audace de la marque d’aller avec un design tout nouveau sans essayer de copier ce que les nombreux concurrents font. Malgré tout, on a droit à certains détails qui se rapprochent des Harley-Davidson que l’on connait et chaque coup de crayon a bien été étudié. Par exemple, le réservoir qui garde une ligne inférieure horizontale et des formes attribuables aux motos américaines. Pour ma part, je trouve que c’est très réussi. Et vous, qu’est-ce que vous en pensez?
Motorisation
Un des éléments qui ne passera certainement pas sous silence dans cette monture, c’est le tout nouveau moteur Revolution Max 1250. On a droit à un gigantesque bicylindre de 1252 cm3 à double arbre à cames en tête. La puissance annoncée est de 150 chevaux et un généreux 94 lb*pi de couple. Au guidon, on se retrouve avec toute la puissance requise dès les bas régimes. Puis, on se plait à tordre davantage la poignée des gaz pour sentir efficacement la puissance transmise à la roue arrière. Prenez garde à ne pas décoller le devant, qui se fait très léger quand on joue agressivement avec l’accélérateur… À moins que ce soit le but de l’exercice et la Pan America se soulève facilement.
Ce qui surprend, c’est que cette mécanique aime beaucoup virer dans les hauts régimes et rejoindre aisément les 8000-9000 tours par minute sans induire trop de vibrations. Chose que le constructeur de Milwaukee n’offrait pas avec les mécaniques précédentes. On se retrouve dans une toute nouvelle réalité. Malheureusement, on notera au passage que l’on a perdu ce vrombissement et les qualités sonores qui sont une marque de commerce d’Harley-Davidson depuis plusieurs décennies.
Aspect intéressant : le Revolution Max 1250 offre un calage variable hydraulique des valves. On obtient ainsi plus de puissance sur toute la plage des régimes moteur et surtout des entretiens qui seront moins fréquents à ce niveau.
Ce moteur se voit garni de nouvelles technologies qui agissent au bénéfice du pilote. C’est le cas de la sélection des modes de conduite. À l’aide du bouton sur le côté droit, on appuie avec son index et voilà que cela nous permet de régler de nombreux paramètres qui agiront activement sur l’expérience de conduite. Ces modes viendront influencer la délivrée de puissance, le contrôle de la traction, de l’ABS, etc. On peut ainsi prévoir très efficacement les réactions de la moto par rapport au type de chemin que l’on parcourt. Quand on ajuste le mode de conduite, on peut également ajuster les suspensions électroniques disponibles sur certains modèles, et voilà où la polyvalence de la Pan America se dévoile complétement.
Suspensions électroniques semi-actives
Sur notre modèle d’essai (version Special), on a droit aux suspensions électroniques qui s’ajusteront en fonction du mode de conduite choisi, mais également en roulant en tout temps par rapport au poids sur la moto (occupants/valises), de la vitesse, de l’accélération ou freinage, des bosses, des angles d’inclinaison et de notre façon de conduire. Les effets se ressentiront en précharge, en descente et au rebond. Avec tous ces modes disponibles et la possibilité de les configurer soi-même, il nous est permis d’obtenir une polyvalence complète. Ainsi, on obtient une machine qui est prête à affronter pratiquement toutes les conditions sans exceptions.
Voici les différents modes de conduite et leurs impacts :
- Route : Suspension qui offre fermeté ainsi que souplesse en même temps et délivrée de puissance moyenne pour rouler dans un bon confort.
- Sport : Suspension très ferme, réponse rapide de l’accélérateur et contrôle de la traction pour offrir des performances optimales, dans des enchainements de courbes rapides par exemple.
- Pluie : Puissance limitée, ABS au maximum et contrôle de la traction très actif pour limiter les glissements sur chaussée humide.
- Off-road: Suspensions très souples et puissance délivrée efficacement avec le contrôle de la traction.
- Off-road configurable : Permet d’ajuster des paramètres de suspensions, accélérateur et surtout de désactiver complètement l’ABS sur la roue arrière pour induire des dérapages.
- Modes A et B : Deux positions qui nous permettent de régler manuellement tous les paramètres et de faire réagir la Pan America exactement comme on veut.
Les suspensions électroniques sont offertes sur certains modèles, comme celui que l’on avait en essai, soit la version Special, qui inclut bon nombre d’autres caractéristiques qui en font un choix logique. Bien que vous vous en doutiez, le déboursé demandé est supérieur.
Voici une liste exhaustive de ces caractéristiques :
- Suspensions avant et arrière semi-actives avec contrôle de charge du véhicule
- Système de surveillance de la pression des pneus
- Béquille centrale (hyper pratique pour les entretiens)
- Pédale de frein arrière multipositions pour un confort accru entre position assise ou debout
- Plaque de protection en aluminium pour limiter les dégâts en hors-route
- Châssis sur les côtés pour protéger le carénage et le radiateur
- Phare adaptatif Daymaker pour éclairer efficacement en virage la nuit. Trois éléments DEL par côté qui s’illuminent progressivement en fonction de l’angle d’inclinaison (8-15-23 degrés).
- Poignées chauffantes (qui devraient être de série sur toutes les versions)
- Amortisseur de direction
- Roues à rayons sans chambre à air pour limiter le poids et faciliter l’entretien
- Hauteur de conduite adaptative qui est géniale!
C’est quoi la hauteur de selle adaptative? Pour résumer, c’est une option qui permet d’ajuster automatiquement la hauteur de la selle à l’arrêt. Par exemple, lorsqu’on s’immobilise à une lumière, la suspension se ramollit pour descendre la selle de près de deux pouces. C’est super pour les plus petits gabarits et j’apprécie également, puisque cela donne un contrôle supplémentaire en situation de manœuvre à basse vitesse en hors-route. Harley-Davidson est le premier constructeur à le proposer… Pourquoi personne n’y avait pensé avant?
Tableau de bord
Harley-Davidson propose aussi un tout nouvel écran couleur et tactile pour équiper sa monture d’aventures. Quand on parle de technologies, tout y est. Avec l’écran de 6,8 po, il est évident que l’on aura accès à l’information « standard » comme la vitesse, les régimes moteur, les compteurs journaliers, etc. Ensuite viendra la connectivité Bluetooth qui amènera une nouvelle dimension, puisque l’on pourra avoir accès à la navigation, la musique sur son casque d’écoute, des notifications téléphone et bien plus. Le tout se fait en symbiose avec l’application Harley-Davidson. Facile d’utilisation et très pratique, cette application nous permet notamment de sauvegarder des « rides » et de les partager avec ces amis.
À noter : l’écran offre une bonne lecture dans son mode d’affichage simplifié, mais les nombreux petits voyants nuisent à sa lecture dans le mode complet. Il faut souvent quitter la route des yeux avec l’affichage de toutes les infos et la disposition de ce mode devrait être revu pour bonifier l’aspect sécurité.
Impression de conduite
Lors de notre essai on a voulu mettre la Pan America à rudes épreuves dans de nombreuses conditions. Bien sûr, la route a été notre terrain de jeu à plusieurs reprises, mais on voulait absolument amener la Pan America dans les sentiers de roches, des champs, des boisés et dans la boue… beaucoup de boue pour en perdre complètement les roues. Ce que l’on a remarqué :
- Le moteur Revolution Max 1250 fournit un sourire à chaque section de routes sinueuses et propose assez de souplesse pour jouer dans les bas régimes à vitesses réduites en situations hors-route.
- La puissance de freinage est bien calibrée et l’ABS fait un excellent travail sans être trop intrusif. Merci au passage aux gros étriers avant à quatre pistons monobloc montés radialement qui arrêtent drastiquement sans broncher.
- Avec sa charpente massive qui fait osciller la balance à 254 kg, elle se débrouille avec aisance sur la route. Quand on l’amène en dehors des sentiers battus et que l’on doit garder l’équilibre, on ressent davantage son poids par rapport aux efforts requis. Cependant, elle est dans la bonne norme quand on la compare avec les autres gros joueurs de ce créneau.
- La géométrie du châssis offre une belle rigidité et l’utilisation du moteur comme partie intégrante est bien pensée. Cela fait en sorte que le centre de gravité est bas et qu’il est facile de faire osciller la moto.
- En s’achetant une telle monture dans l’optique de partir pour plusieurs milliers de kilomètres, des valises en aluminium seront un accessoire vital. Et comme on le connait bien auprès de ce constructeur, une ligne complète d’accessoires est déjà disponible!
- Même devant d’immenses flaques d’eau et les pires sentiers à franchir, rien n’arrêtera la Pan America si vous avez les aptitudes pour y arriver.
Bref, Harley-Davidson livre la marchandise au-delà de ce à quoi on s’attendait. La Pan America est l’une de ces motos qui excellent partout et que l’on aimerait ajouter à son garage dès les premiers kilomètres à son bord. Véritable machine à vous accrocher le sourire, voici comment la résumer :
Points forts
- Harley-Davidson a enfin osé s’écarter de ce qu’il fait si bien depuis plus d’un centenaire, soit les motos de type custom. Pour se lancer également dans un tout autre créneau, les montures de type aventure.
- Moteur Revolution 1250 qui offre des performances époustouflantes et qui monte haut dans les régimes.
- Suspensions ajustables électroniquement qui permettent d’avoir une souplesse lorsque l’on quitte la route pavée ou plus de rigidité quand on accélère la cadence sur l’asphalte.
- Qualité de finition et attention portée aux détails dignes de mention.
Points à améliorer
- La nouvelle mécanique Revolution 1250 nous éloigne de la sonorité propre à une Harley-Davidson. On aurait aimé plus de puissance sonore et un échappement avec une trappe qui s’ouvre à partir d’un certain régime pour bien entendre le rugissement de cette mécanique.
- Pare-brise ajustable facilement à une seule main, mais il est mou et vibre beaucoup. De plus, il y a une zone « déformée » dans le haut qui nuit à la vision.
Conclusion
Certes, la Pan America est une moto avec un pedigree complet : mécanique puissante, suspensions électroniques efficaces, design, technologies embarquées et polyvalence… Tout pour plaire à de nombreux motocyclistes qui ne regardaient pas du côté de ce constructeur auparavant. Maintenant, plusieurs nouveaux clients seront convertis au « culte » d’Harley-Davidson.
Pour conclure, Custom Tour souhaite remercier Harley-Davidson Canada d’avoir rendu cet essai possible. Si vous souhaitez de plus amples renseignements, visitez le concessionnaire le plus près de chez vous ou le site web d’Harley-Davidson.