Pour plusieurs, la moto représente bien plus qu’un loisir estival ou qu’un simple moyen de transport. Un lien unique et inexplicable unit le cheval de fer à son ou sa propriétaire et une relation solide s’établit. Parfois même, cette moto au cœur huilé et aux battements galopants nous permet d’y trouver notre salut…
Je vous présente aujourd’hui : Mélanie Aubé!
Zabel: Comment as-tu découvert l’univers de la moto?
Mélanie: C’est vers l’âge de 12 ou 13 ans qu’un ami de ma mère se présente à la maison sur un Harley-Davidson: un 1340 qui pète. Je suis impressionnée et il me propose alors d’embarquer pour faire une ride. Ce fut un coup de cœur instantané! C’est à ce moment que m’est apparue l’image de mon premier rêve, celui d’avoir mon propre Harley. À l’âge de 18 ans, je suis donc allée chercher mon Sportster Hugger 1994. Ma mère, un peu inquiète de me voir partir sur cette machine, ne m’a jamais empêchée de faire de la moto. De toute façon, il n’y avait rien pour m’arrêter! (Rires) C’était déjà une passion et j’étais toujours, toujours, toujours sur ma moto. J’en avais besoin pour être bien! C’était une période assez rock n’roll de ma vie, à l’époque je travaillais dans les bars.
Zabel: Le goût de la liberté, tu l’as attrapé à ce moment?
Mélanie: Oui! Après une tentative de sortir du milieu des bars, je voulais avoir une vie plus normale. J’ai alors essayé de travailler dans un bureau de « 9 à 5 » pour réaliser que ce n’était pas fait pour moi… L’été commençait, j’avais besoin de voir autre chose. À l’âge de 21 ans, avec une amie, je suis donc partie faire le tour des États-Unis! J’ai ainsi quitté mon travail en quête d’aventures sur deux roues… On avait prévu faire du camping, mais la première semaine il a plu sans arrêt, on n’a donc pas dormi sous la tente. La première journée qu’on a décidé de l’utiliser, on a perdu les poteaux de tente sur la route! Le temps de revenir sur nos pas, ils avaient subi un sort fatal. Plus rien à faire avec ça… On a donc dormi à la belle étoile tout au long du voyage vers l’Ouest, à côté de nos bikes.
Zabel: Un vrai trip de moto!
Mélanie: Oui! Et cela m’a permis de découvrir les plus beaux joyaux de l’Ouest américain : le désert de Death Valley, Monument Valley, la ville de Cody, les parcs de Grand Teton et de Yellowstone, le Mont Rushmore, le Grand Canyon et les routes spectaculaires de ce coin de pays!
Zabel: Ça s’est bien passé avec ta partenaire de voyage?
Mélanie: En Californie, un différend entre nous fait en sorte que l’on est parties chacune de notre côté. Je suis donc revenue de la Californie en solitaire, mais quel beau retour! En fait, je n’ai jamais été vraiment seule de San Francisco à Montréal ! Il y avait tellement de motos sur la route à cause du Rallye annuel à Sturgis que j’ai été vraiment seule environ 24 heures! (Rires) Je rencontrais du monde partout! Par exemple, arrêtée à un feu de circulation avant Reno, au Nevada, j’ai rencontré des bikerset on a passé trois jours ensemble! Rendue au lac Tahoe, l’achat de poteaux de tente m’a permis de dormir à l’abri. Quand j’y repense, ma moto était surchargée, j’avais apporté beaucoup trop de stock pour rien! (Rires)
Zabel: Comment on prépare un voyage comme ça?
Mélanie: Comme je disais, on est parties sur un coup de tête, on avait nos maps en papier, pas de Google Map, de GPS ou de téléphones intelligents à l’époque! Évidemment, on est passées à côté de beaucoup de places, mais quel beau souvenir! C’est surtout en écoutant les conseils d’amis qu’on a tracé notre chemin…
Zabel: Pendant combien de temps as-tu roulé ton Hugger?
Mélanie: J’ai eu cette moto huit ans et… j’ai changé huit fois la peinture. Je changeais la couleur à chaque année! (Rires) Je l’ai aussi modifiée un peu, changé le réservoir d’essence, les ailes, etc.
Zabel: Quel type de rideuse es-tu?
Mélanie: Je suis plutôt solitaire, je n’attends après personne! J’ai appris avec les vieux de la vieille, à la dure…
Zabel: T’as fait de la track aussi! Ça a changé ton approche de conduite?
Mélanie: Oui, et j’aurais dû le faire bien avant. C’était en 2008, avec des amis je me suis payé une fin de semaine au New Jersey à la California Superbike School: un coach privé, deux jours où j’ai réalisé les niveaux 1-2-3 sur une BMW 1000RR. La deuxième journée, j’ai demandé à mon coach de m’embarquer comme passagère pour vraiment sentir le feeling : ce fut un meilleur trip que mon saut en parachute!
Zabel: Sérieuse?
Mélanie: Mets-en! C’est débile l’adrénaline! Mes genoux tremblaient, j’étais toute en sueur dans monsuit; c’est du sport, attache ta tuque! C’est là que j’ai vu comment ça peut tenir la route une moto!
Zabel: Maintenant tu roules sur quelle moto?
Mélanie: J’ai maintenant un Harley-Davidson FLHTC 2003 avec 265 000 km au compteur. J’ai fait refaire le moteur deux fois. La première fois par prévention, j’étais rendue à 155 000 km. Je sais quand je pars et je ne sais pas toujours quand je reviens, il faut que ma moto soit sur la coche… Mes mécanos me connaissent bien et ils savent que je roule beaucoup et que j’ai besoin de mon bike! La deuxième fois, c’était pour la performance. Une bonne relation avec son mécano est basée sur le respect.
Zabel: As-tu déjà eu des accidents?
Mélanie: Oui. J’ai eu deux accidents : le premier avec mon Sportster, l’autre en 2007, c’était un FLH de location. En ridantavec mon ami Randy, juste avant Palm Springs, en Californie, un panneau indique la présence de vents forts et contraires, la prudence est de mise. Il ventait, c’était fou! J’ai perdu le contrôle, passé le terre-plein, volé par-dessus les poignées et tombé sur une roche. Immédiatement après, je ne sentais pas de douleur et je n’avais pas de blessure apparente, mais mon corps a subi un traumatisme musculaire et depuis, l’acouphène est entré dans ma vie…
Zabel: Parle-moi de ta relation salutaire avec ta moto…
Mélanie: En 2004, un lendemain de veille bien arrosée, je me réveille par une belle journée ensoleillée de juillet. Il fait super beau. J’ouvre un œil et je regarde mon bike dehors : non, ça ne me tente pas… Je suis retournée me coucher et me suis dit : non… c’est pas normal, c’est pas moi ça! Le drapeau rouge venait de s’agiter et c’est à ce moment que j’ai décidé d’arrêter de boire. Ne pas avoir le goût de rouler par une belle journée comme ça? Je n’allais pas bien, j’étais vraiment malade… Autant ma moto aurait pu me tuer, autant elle m’a sauvé la vie! J’ai été quatre mois en thérapie et la propriétaire de la maison ne m’a jamais empêchée de rouler, parce qu’elle savait que c’était grâce à ma moto que j’étais encore en vie!
Zabel: Merci Mélanie pour ta générosité et ton partage avec les lectrices et lecteurs de Custom Tour, comme quoi la moto peut représenter beaucoup dans la vie, t’as de quoi être fière! Je te souhaite une superbe saison de moto, amuse-toi et… Keep the shiny side up!