Les sources de distraction lors de la conduite sont aussi diverses que nombreuses. À moto, la manipulation d’un GPS, l’utilisation d’un système de communication, la radio et même l’environnement représentent d’importantes sources de distraction.
La distraction au volant consiste en tout ce qui déconcentre le conducteur et détourne son attention de la conduite. En ce sens, la distraction au volant, qui inclut la distraction cognitive, est inhérente à tous les humains. En effet, tout le monde est susceptible d’être distrait, à un moment ou à un autre. Prendre conscience que cela peut nous arriver et prévoir des stratégies pour l’éviter, dans des moments stratégiques, est déjà un gain en soi.
La distraction au volant a plusieurs sources. Elles sont à la fois endogènes (elles viennent du conducteur lui-même) et exogènes (elles viennent de l’extérieur ou de l’environnement).
Il y a 4 types de distraction :
- visuelle : le regard se porte ailleurs que sur la route;
- manuelle : les mains sont ailleurs que sur le volant;
- cognitive : l’esprit est concentré sur autre chose que sur la tâche;
- auditive : l’ouïe est concentrée sur autre chose que sur les sons liés à la conduite et au réseau routier (par exemple, sur un téléphone qui sonne ou sur de la musique).
La distraction ne touche pas nécessairement qu’une seule fonction à la fois. Souvent, la tâche réalisée durant la conduite est source de plusieurs types de distraction. Par exemple, envoyer un texto entraîne une distraction cognitive, visuelle et manuelle.
La distraction cognitive, qu’est-ce que c’est?
On parle de distraction cognitive quand l’esprit est concentré sur autre chose que sur la tâche de conduite. Elle est provoquée par une activité distincte (parler au téléphone ou à un passager, écouter de la musique, etc.) qui induit une charge cognitive importante et une diminution des ressources attentionnelles disponibles.
Les sources de distraction cognitive ont pour effet :
- d’arrêter l’activité cérébrale dans certaines zones nécessaires à la conduite sécuritaire;
- d’augmenter le temps de réaction;
- de faire rater des signaux informatifs;
- de diminuer le champ du balayage visuel (effet tunnel).
Moyens de contrer la distraction cognitive
Réduire son incidence est la clé. À cet effet, il est bon :
- de prendre davantage de repos;
- d’éviter la surcharge informative (utilisation d’une technologie, discussion dans le véhicule, etc.);
- d’éviter de conduire sous le coup d’une trop grande émotion (situation stressante ou émotionnellement éprouvante);
- de faire des pauses lors de longs trajets sur des routes monotones pour éviter de conduire par automatisme.
L’état du conducteur a une influence
La conduite est une activité complexe qui requiert toute l’attention du conducteur. L’état physique et mental dans lequel il se trouve a donc une influence sur sa conduite et sur sa prédisposition à être distrait ou non (on conduit dans l’état dans lequel on est – fatigué, triste, contrarié, préoccupé, survolté, etc.).
La distraction, l’une des principales causes d’accidents sur les routes
La distraction est l’une des causes le plus souvent mentionnées par les policiers dans le cas des accidents avec préjudices corporels.
Chaque année, en moyenne, de 2016 à 2020, en raison de la distraction :
- 125 décès sont survenus (37 % des décès);
- 560 personnes ont été blessées gravement (41 % des personnes blessées gravement);
- 17 000 personnes ont été blessées légèrement (53 % des personnes blessées légèrement).
Moments où la distraction cause le plus d’accidents
- Les accidents avec dommages corporels impliquant la distraction sont concentrés et surreprésentés dans la plage horaire de 12 h à 18 h. Près d’un accident lié à la distraction sur deux survient dans cette plage.
- Les accidents corporels liés à la distraction sont concentrés dans les mois de juin à septembre. Plus de 40 % de ces accidents surviennent au cours de cette période.
- Ces accidents sont également plus fréquents vers la fin de la semaine (jeudi et vendredi).
Un enjeu de sécurité routière chez les motocyclistes
Les travaux réalisés en 2019 par le comité d’analyse des accidents mortels impliquant des motocyclistes ont dévoilé que la distraction est une problématique de sécurité routière préoccupante. Par ailleurs, en comparant les variables relatives aux accidents mortels avec celles qui ont trait aux accidents ayant causé des blessures graves aux motocyclistes pour les années 2013 à 2016, il est ressorti que la distraction demeure l’une des causes d’accident les plus importantes, peu importe le type de blessures.
Comparaison des causes principales mentionnées dans les accidents avec motocyclistes décédés ou blessés gravement, 2013-2016
Accidents avec motocyclistes décédés | Accidents avec motocyclistes blessés gravement | |||
32,9 % | Vitesse | 22,9 % | Vitesse | |
12,6 % | Omission de céder le passage | 18,8 % | Distraction ou inattention | |
9,6 % | Distraction ou inattention | 11,6 % | Omission de céder le passage | |
4,2 % | Conduite ou empiétement sur le mauvais côté de la voie | 4,6 % | Conduite trop près du véhicule qui précède | |
4,2 % | Dépassement interdit | 4,6 % | Présence d’animaux sur la route |
Comparaison de tous les facteurs contributifs dans les accidents avec motocyclistes décédés ou blessés gravement, 2013-2016
Accidents avec motocyclistes décédés | Accidents avec motocyclistes blessés gravement | |||
48,9 % | Vitesse | 40,9 % | Distraction ou inattention | |
36,3 % | Distraction ou inattention | 29,4 % | Vitesse | |
22,0 % | Témérité* | 15,5 % | Omission de céder le passage | |
15,4 % | Inexpérience* | 7,0 % | Conduite trop près du véhicule qui précède | |
15,4 % | Omission de céder le passage | 4,5 % | Présence d’animaux sur la route |
Comparaison des facteurs contributifs associés à la partie motocycliste dans les accidents avec motocyclistes décédés ou blessés gravement, 2013-2016
Accidents avec motocyclistes décédés | Accidents avec motocyclistes blessés gravement | |||
45,6 % | Vitesse | 29,0 % | Vitesse | |
22,0 % | Témérité* | 23,0 % | Distraction ou inattention | |
15,4 % | Inexpérience* | 5,1 % | Conduite trop près du véhicule qui précède | |
13,7 % | Distraction ou inattention | 4,3 % | Présence d’animaux sur la route | |
13,2 % | Facultés affaiblies par l’alcool** | 4,3 % | Mauvais état de la route |
* La témérité et l’inexpérience ont été retenues à la suite de la lecture des rapports du coroner. En effet, les accidents avec décès font l’objet d’une analyse par un coroner, ce qui n’est pas le cas des accidents avec blessés graves. Il est probable que les conducteurs de moto impliqués dans un accident avec motocyclistes blessés gravement sont téméraires ou manquent d’expérience à moto, mais ces informations ne sont pas disponibles pour les accidents avec blessés graves.
** Les rapports du coroner précisent l’information relative à l’alcool au volant à la suite des analyses toxicologiques demandées. Dans le cas des accidents avec victimes blessées gravement, les analyses toxicologiques ne sont pas systématiques, contrairement à l’usage dans le cas des accidents avec décès. Ainsi, l’information fournie par le policier est partielle.
Il ne suffit que de quelques secondes
Quelques secondes de distraction suffisent pour créer les conditions propices à une collision. À une vitesse de 90 km/h, quitter la route des yeux pendant 4 à 6 secondes, c’est comme traverser un terrain de football les yeux fermés.
Les appareils électroniques
Bien que les technologies puissent être d’une aide considérable pour le conducteur, certaines d’entre elles franchissent la limite en devenant des sources de distraction importantes. C’est particulièrement le cas des appareils électroniques.
Interdiction de les utiliser en conduisant
Il est strictement interdit d’utiliser un appareil électronique portatif en conduisant. Dès que vous êtes au volant d’un véhicule routier et que vous êtes sur une voie de circulation, vous conduisez. Même si votre véhicule est arrêté à un feu rouge ou dans un bouchon de circulation, vous conduisez et vous ne pouvez donc pas utiliser votre cellulaire.
Les écrans autorisés
Les écrans autorisés doivent présenter de l’information utile à la conduite. Ils affichent des informations diverses comme :
- la pression des pneus;
- la consommation de carburant;
- l’activation de divers systèmes, par exemple l’antipatinage;
- les conditions routières, comme les obstacles et l’état de la chaussée;
- les conditions météorologiques, comme la visibilité et la température;
- l’itinéraire (GPS).
Le GPS
Le géonavigateur, communément appelé GPS (pour Global Positioning System), est très utile pour se diriger en voyage. Il demeure toutefois une source de distraction potentielle pour le conducteur. Il faut donc l’utiliser avec discernement. Si vous devez le programmer ou y entrer des données, faites-le avant de prendre la route.
Les systèmes de communication
À moto, une bonne communication est essentielle. Que ce soit lors de promenades avec un passager ou en groupe, les échanges doivent se faire en toute sécurité. Étant donné les conditions propres à la circulation sur la route à moto (vent, bruit, distances relativement longues, port d’un casque, etc.), certains motocyclistes choisiront d’utiliser un système de communication de type intercom. L’utilisation d’un tel système peut nuire à votre concentration.
Par ailleurs, les conversations, la radio, la musique et les indications émises par le GPS peuvent constituer d’importantes sources de distraction, nuire à votre vigilance et vous empêcher de réagir adéquatement aux conditions changeantes de la route. Utilisez ces technologies avec beaucoup de jugement et faites preuve de vigilance en tout temps.
Pour en savoir plus :
Source : Société de l’assurance automobile du Québec