Il fut une époque, pas si lointaine avant les réseaux sociaux, où lorsque les motocyclistes voulaient rouler en groupe, connaitre des gens, découvrir de nouveaux endroits ou de nouvelles routes, ces derniers devenaient membres d’associations régionales de motocyclistes.
Ces associations avaient un code de conduite pour circuler sur la route. Ce code est toujours en vigueur pour les associations encore actives. Une sorte de listes de règles à suivre pour rouler de façon sécuritaire. Et ce, autant pour soi que pour les autres motocyclistes qui roulent dans le même groupe. Les membres de l’association devaient se conformer aux règles établies pour prendre part aux randonnées. Certaines associations obligeaient leurs membres en début de saison à participer à une journée de formation. Tout ça pour comprendre les subtilités de rouler en groupe, afin d’être sécuritaire pour soi et surtout pour les autres membres du groupe.
Rouler en formation
La raison de rouler de façon groupée est principalement une question de protection. Il s’agit en fait d’éviter de laisser de l’espace entre les motos, pour empêcher que des autos viennent s’intercaler de manière pas toujours élégante. Le contrôle de l’espace autour de vous est un élément important de votre sécurité.
Idéalement, pour rouler de façon sécuritaire, des petits groupes de trois motos sont recommandés. Cependant, rouler en groupe de cinq se fait aussi très bien. Il est fortement conseillé d’éviter de rouler en groupe pair autre que 2.
Ici, pour simplifier l’explication, allons-y avec un groupe de cinq. Notez ici que 3 ou 5, les rôles sont les mêmes.
Pour rouler en formation à moto, on utilise la formation communément appelée « DAMIER » ou « ZIGZAG ». La formation en damier est dans ce cas-ci formé de 5 motos. Les motos 1, 3, et 5 roulent dans le tiers gauche de la voie. Les motos 2 et 4, quant à elles, sont dans le tiers droit. La position 1 est celle du leader. Il sera en charge du trajet mais surtout il sera les yeux du groupe. C’est aussi à lui d’ajuster la vitesse du groupe. Il donnera les indications aux autres membres en fonction du type de formation.
La position 2 est souvent celle de la personne ayant le moins d’expérience. C’est pour cette raison qu’elle se retrouve en deuxième position pour que le leader puisse bien ajuster le rythme en fonction de ce qu’il constate des réactions de la personne en 2e position. Réactions telles que courbes plus ou moins prises avec aplomb ou encore de la difficulté à suivre adéquatement le leader.
La position 3 sera assurée par quelqu’un capable de bien lire le leader et de transmettre les signaux au reste du groupe. La 4e place est aussi assez souvent attribuée à quelqu’un avec moins d’expérience. La dernière position et non la moindre, et c’est le cas de le dire, est donnée au plus expérimenté. Le balayeur ou le ‘’sweeper’’ doit s’occuper de la sécurité du groupe. Il est constamment en communication avec le leader pour s’assurer de la sécurité de chacun des membres mais aussi de la sécurité du groupe en général.
Espaces entre chaque moto
La distance entre les motos doit se calculer en temps. Soit deux secondes entre la moto 1 et 3. Deux secondes entre les motos 2 et 4. Et pour terminer, deux secondes entre la 3 et la 5.
À noter ici que pour les positions, il n’y a pas de préjudice, chacun prend la place qui lui convient. Cependant s’il y a des motocyclistes avec peu ou pas d’expérience, certaines positions sont plus sécuritaires et moins exigeantes que d’autres.
Formation en file
Il arrive parfois que la voie dans laquelle le groupe de motocyclistes circule soit aussi occupée par un autre usager de la route. En effet, il se peut qu’un cycliste, piéton ou encore une voiture stationnée en bordure fasse en sorte que la voie ne soit plus cent pour cent libre. C’est à ce moment que le leader du groupe doit faire un signe de la main gauche indicant avec son index que le groupe doit se placer en file pour passer la section entravée.
Une fois passée, le leader redonnera l’ordre de reprendre la formation en damier.
Les courbes
À l’approche d’une courbe, le leader doit ajuster la vitesse du groupe. Il l’ajuste en fonction de l’angle de la courbe mais surtout en fonction du niveau de compétence du groupe.
Lorsque le leader ajuste la vitesse, toutes les motos se déplacent vers l’extérieur de la courbe. Exemple, pour une courbe vers la gauche, les motos 1, 3 et 5 viennent se placer dans le tiers droit de la voie et le groupe forme alors une ligne. Les motos entrent donc dans la courbe en file et se déplacent vers l’intérieur de la courbe. Une fois que le leader a vu la sortie de la courbe, il accélère pour reprendre la vitesse appropriée. Le reste du groupe fera de même et une fois sorties de la courbe, les motos reprennent leur position en damier.
Si la courbe se prend par la droite, les motos 2 et 4 se déplaceront vers le tiers gauche pour que le groupe soit en file du côté gauche afin de prendre la courbe de l’extérieur.
Ici il est primordial que le leader respecte le niveau de compétence et d’expérience de chaque membre du groupe. En raison des niveaux de pilotage qui peuvent différer, il est probable que si le leader ne respecte pas son groupe il y aura un effet élastique. C’est-à-dire que le groupe s’étirera et qu’il y aura beaucoup d’espace entre les motos. Cela aura pour effet d’obliger les motos en fin de groupe à accélérer et à créer ainsi des situations dangereuses, pour qu’elles puissent rejoindre la tête du groupe et se replacer en formation en damier.
Les dépassements
Lors des dépassements, une règle absolue s’applique avant tout. Il faut les faire lorsque et uniquement lorsqu’il est sécuritaire et légal de les faire. Il est aussi important de comprendre qu’une manœuvre de dépassement comporte des risques. Le leader doit donc planifier la manœuvre pour en diminuer les risques. Assumons ici que le groupe roule sur une route de campagne à deux voies avec endroits spécifiques pour dépassements avec des lignes pointillées. Si le groupe se retrouve derrière un véhicule plus lent, le leader doit planifier le dépassement. Comme le dépassement est une manœuvre qui s’effectue de façon individuelle, en tant qu’instructeur, je conseille fortement que le leader demande à son groupe de se placer en file pour simplifier le dépassement. La formation en file évite de créer toute confusion par rapport au positionnement et permet aussi d’éviter tout croisement entre les motos s’il y a changement de tiers dans la formation.
Une fois les motos en ligne, chacun doit effectuer le dépassement de façon sécuritaire. Celui-ci se fait toutefois en respectant l’ordre du groupe. Le leader sera le premier à dépasser et ensuite les motos 2, 3,4 et 5 suivront.
Détail très important, une fois le véhicule lent dépassé, et que vous avez repris votre place dans votre voie, vous devez vous assurer de laisser assez d’espace derrière vous et le véhicule lent pour que les autres membres du groupe puissent s’y insérer avec aisance et sans danger.
Changements de voie
Pour les changements de voie, le rôle du balayeur est crucial. C’est à lui que revient la tâche d’assurer la sécurité du groupe.
Lorsque le leader décide d’effectuer un changement de voie, ce dernier doit actionner son clignotant. Si le leader et le balayeur sont en communication par intercom, ils peuvent planifier encore plus la manœuvre. Mais en activant son clignotant le leader avise tout le groupe.
Une fois le clignotant du leader en marche, le balayeur s’assure que la manœuvre est faisable et dès que possible, il changera de voie en premier. Ce faisant il sécurise la voie pour les motos devant lui. Une fois que le balayeur a effectué son changement de voie, les motos 1, 2, 3 et 4 actionnent leurs clignotants, vérifient leurs angles morts et font le changement de voie. Le tout se fait le plus rapidement possible et surtout en même temps.
Un savoir-faire qui se perd
Rouler en groupe c’est un art. Un art qui malheureusement se perd… Avec les groupes issus de réseaux sociaux, les règles pour rouler en groupe de façon sécuritaire se sont un peu perdues au profit de la facilité et du côté social plus que du côté sécuritaire.
Lors de mes premières sorties avec l’Association Motocycliste de l’Outaouais, je me souviendrai toujours à quel point la chorégraphie des groupes était belle et surtout sécurisante. Le fait que chaque motocycliste savait son rôle et le respectait faisait en sorte que chacun, expérimenté ou non, n’avait pas à se soucier de la réaction des autres motocyclistes.
Le groupe Gold Wing Québec offre sur YouTube des vidéos explicatives des différentes manœuvres pour bien comprendre comment rouler en groupe.
Comme il est très difficile de vous expliquer en détail toutes les subtilités des techniques de rouler en groupe, je vous invite à visionner les vidéos de GWQ. Invitez à votre tour les gens avec qui vous rouler à les visionner aussi. Tout ça dans le but de rouler encore plus sécuritairement et de profiter encore plus longtemps de notre passion.
Crédit Photo: Association Motocycliste de l’Outaouais
