Il y a mille et un petits exercices à faire pour nous aider à comprendre notre moto. Et ce, peu importe la moto. Routière, custom, aventurière.
Piloter une moto, c’est d’abord et avant tout faire équipe avec celle-ci. Pour réussir un travail en équipe, il faut qu’il y ait une chimie entre les coéquipiers. Et pour que la chimie s’installe, il faut apprendre à se connaitre et se comprendre. Pas uniquement comprendre le fonctionnement de la manette des gaz en passant… Mais connaitre en détail les réactions de votre machine, ses besoins en fonction de son équilibre. Comprendre aussi le fonctionnement de ses aides électroniques, bref plus vous la comprendrez, plus vous pourrez la piloter comme elle le demande pour vous emmener où vous le voulez.
L’équilibre c’est la base
Pour moi s’amuser avec sa moto, c’est d’abord et avant tout être capable de comprendre toutes ses subtilités. Son équilibre est souvent le premier élément auquel je m’attarde. Particulièrement son équilibre en position statique. Vous seriez surpris de savoir le nombre d’heures, surtout l’hiver, que je passe à faire du surplace avec mes motos. Même en été je ne manque jamais une occasion de pratiquer mon équilibre statique. Il est certain que c’est pas mal moins agréable ou divertissant que d’aller faire une randonnée. Cependant, comprendre l’équilibre de ma moto est ô combien profitable lors de passages de sections techniques. Cela sera tout aussi bénéfique lorsque viendra le temps de déplacer sa moto sans l’aide du moteur.
Mon exercice préféré est de me placer côté gauche de la moto, retirer la béquille et me déplacer côté droit en maintenant la moto en équilibre d’une seule main. Rendu à droite, je monte sur la moto. Je tourne la clé. Je stabilise le plus possible et ensuite je me lève debout sur la moto, que je tente de maintenir en équilibre. Je démarre et je me mets finalement en mouvement.
Et tant qu’à y être, lorsque vous devrez vous arrêter, essayez donc ceci : une fois rendu à très basse vitesse, coupez le moteur, immobilisez-vous, descendez de la moto. Une fois les pieds au sol, mettez la béquille.
Des heures de répétitions, qui mènent sans aucun doute à une aisance sur la moto qui n’est enseignée par aucune école pour obtenir son permis.
Les trois contrôles
Une fois l’équilibre statique maitrisé ou du moins compris, on doit pratiquer l’équilibre à basse vitesse. Dès l’instant où la moto se met en mouvement et atteint une certaine vitesse, l’effet gyroscopique des roues prend alors en charge l’équilibre de la moto. Vous l’aurez d’ailleurs remarqué, uniquement en première vitesse sans jouer avec l’accélérateur et l’embrayage, la moto se déplacera et se tiendra en équilibre par elle-même. Mais qu’en est-il lorsque l’on doit ralentir au maximum sa vitesse? C’est ici que souvent je compare une moto à une bande élastique… Une bande élastique qui ne subit aucune force, cette dernière est molle et sans aucune utilité. Cependant, si j’applique une force sur la bande élastique vers l’avant et une autre vers l’arrière, l’élastique se tendra et démontrera toutes ses propriétés.
Exemple d’exercice d’hyper ralenti
Ce principe s’applique à une moto. À très basse vitesse, une moto c’est comme un élastique, elle n’a pas de stabilité et ne cherche qu’à aller au sol. Mais si vous utilisez l’embrayage et son point de friction en plus d’un filet de gaz pour appliquer une force vers l’avant, et qu’en plus vous utilisez le frein arrière pour retenir ou plutôt contrôler la vitesse, que pensez-vous qu’il va se passer? Comme par magie, la moto trouvera une stabilité… Une stabilité qui additionnée à votre maitrise de l’équilibre que vous aurez pratiqué, vous fera apprécier toute la maniabilité qu’une moto peut avoir, quand on se donne la peine d’essayer de la comprendre. Juste à regarder sur YouTube des vidéos de démonstrations de policiers en gymkana à moto et vous verrez de quoi je parle.
Il n’y a rien de sorcier ou de magique dans ce concept. Le contrôle du point de friction, de la manette des gaz et du frein arrière vous permettra de découvrir des qualités insoupçonnées de votre moto. Stabilité, maniabilité et équilibre. Vous aurez alors encore plus confiance en celle-ci et forcément en vos propres compétences.
Utilisez ce dont vous avez besoin versus ce dont vous disposez
Si vous effectuez des manœuvres à basse vitesse, des exercices de franchissement d’obstacles ou encore des montées et descentes abruptes, vous aurez assurément compris une chose. Cette chose est que votre moto est pas mal plus capable que vous ne le pensiez. Elle peut faire des choses que vous pensiez impossibles. Tout ça, si et seulement si vous la piloter comme elle le demande. Les motos aventurières sont des motos qui en général sont très coupleuses. Elles sont donc capables de beaucoup et ce, à basse vitesse.
Toutefois, plusieurs ne se cassent pas trop la tête face à des situations corsées. En cas de doute, gaz au bout! Ceux-ci n’utilisent souvent qu’un seul atout de leur monture. Soit sa puissance. Avec des motos qui sont plus fortes, plus grosses et plus lourdes que nous, laisser uniquement la puissance du moteur faire tout le travail est risqué.
Quand on comprend le couple dont disposent nos aventurières, nous nous facilitons la tâche grandement. Exemple, si vous vous aventurez dans une belle grosse côte pleine de roches et de racines, qui demande un contrôle absolu, eh bien, si vous y allez en utilisant uniquement ce dont vous avez besoin, votre montée sera assurément plus facile et moins périlleuse que si vous montiez le gaz au fond…
Comme mentionné précédemment, une moto de type aventure, c’est plus gros, plus fort et plus lourd que nous. Cependant, elles sont moins intelligentes, si vous leur laissez le contrôle, elles ne sauront pas quoi en faire et les chances de catastrophes seront grandes…
Peu importe l’obstacle à traverser, en sachant que votre moto est capable de beaucoup avec peu, demandez-vous de quoi vous avez besoin, pour passer l’obstacle et garder le contrôle.
Encore ici, lorsque cet aspect sera compris, je vous le garantis, vous irez plus loin, dans des conditions plus difficiles, mais surtout, vous reviendrez en un morceau…
La position de pilotage
Plus vous serez à l’aise sur votre moto, plus vous lui ferez confiance, et plus vous comprendrez que vous ne devez pas l’empêcher de travailler mais bien l’accompagner. Eh bien, en roulant debout, vous vous aiderez à aider votre moto. Parce qu’en roulant debout votre centre de gravité devient alors variable. Et ce, sur tous les axes, nord, sud, est et ouest. Le terme anglais pour décrire ceci est « weightless ». Ce qui veut dire que l’on se place sur sa moto pour ne pas affecter ses mouvements avec notre poids. Lors de virages à très basse vitesse, le fait d’incliner le corps côté opposé créera un effet de contrepoids et aidera la moto dans sa manœuvre. Même chose lors d’une accélération en approche d’une montée. Le fait d’incliner le haut du corps vers l’avant vous aidera à ne pas avoir à serrer les poignées inutilement et aura aussi comme effet que vous laisserai donc la moto agir plus librement dans son ascension.
Piloter debout n’est pas une obligation. D’ailleurs, avoir une mauvaise posture lorsque debout sur la moto peut avoir des effets négatifs. Toujours est-il que si vous roulez assis, gardez en tête qu’assis sur des chemins de sable, ce n’est pas la même chose qu’être assis sur l’autoroute… Sur une route non pavée votre position assise doit être une position où l’on reste à l’affut. Il faut rester à l’écoute de sa moto et se positionner de façon à ne pas l’empêcher de faire ce que l’on lui demande de faire.
Encore ici, il s’agit de comprendre les signes que nous envoie la moto.
Conclusion
Au début de ma carrière de motocycliste, du haut de mes 5’6’’ et avec mon niveau d’expérience nul, ma BMW F700gs et ses 820 mm de hauteur de selle me causaient un véritable problème. Au point où mon rêve de posséder une aventurière, véritablement orientée hors-route, semblait impossible.
Dix ans plus tard, je pilote une KTM 890 Adventure R équipée de valises avec une hauteur de selle de 878 mm dans des conditions où peu d’aventurières iront. Que s’est-il passé? Rassurez-vous, je n’ai aucunement grandi. Par contre, chaque fois que j’achète une nouvelle moto ou encore que j’en essaie une, je prends le temps de faire connaissance. Je prends le temps qu’il faut pour comprendre. Ensuite je vais où j’ai le goût d’aller, parce que je sais qu’en travaillant, ou plutôt en jouant avec notre moto, nous pouvons aller où nous le voulons, ou presque.