Honda Gold Wing

Entrevue Avec Yannick Turgeon

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Vous connaissez peut-être le « Biker sur la route » ? Ce biker solitaire découvrant l’Amérique sur son Harley-Davidson et que l’on peut suivre sur les médias sociaux? 

C’est souvent en empruntant des chemins peu fréquentés que ce « mangeur d’asphalte » explore l’Occident avec ses deux fidèles compagnons : « Rantanplan » (son GPS parfois un peu mêlé) et son Harley-Davidson « Lucky », un Roadking 2016 avec lequel il a déjà partagé près de 150 000 km! Je vous présente aujourd’hui Yannick Turgeon, un grand passionné de voyages à moto. 

Zabel : Yannick, d’où vient cette passion pour la moto?

Yannick : Étrangement, je n’ai pas grandi dans un monde de motocyclistes. Mais, sur le rang “familial” Beauchamps à L’Assomption, mon cousin Jean-Marc, un peu plus vieux que moi, a toujours eu des motos. J’étais alors curieux de savoir ce que pouvait m’apporter cette machine. 

Zabel :  De là l’inspiration!À quel âge as-tu pu chevaucher ta propre moto?

Yannick : Vers l’âge de 15 ans, je me suis acheté un Yamaha Exciter 250 avec la petite aile chromée en avant. Ça a été le plus bel été de ma vie à me promener dans le bois sur cette moto! J’ai réalisé à ce moment que j’aimais vraiment ça. Plus tard, à mes 25 ans, je me suis acheté un Harley-Davidson Softail que j’ai eu pendant 13 ans. J’ai participé à l’exposition du Bike and Tattoo Show avec celui-là, à l’époque où l’événement avait lieu à Repentigny. Je le montais et le démontais chaque année! Quand je l’ai vendu, il cumulait des pièces de 1985 aux années 2000! (Rires!)

Zabel : Et pourquoi l’as-tu vendu? 

Yannick : Je voyageais beaucoup et j’avais besoin d’une moto mieux adaptée à mes projets. Ça a pris cinq ans à me décider d’acheter un Roadking: un Police Pack que j’ai eu pendant quatre ans pour ensuite me procurer mon Lucky. J’avais bien l’intention de rouler pas mal avec… mon premier véhicule neuf à vie!

Zabel : Avec ta première moto, tu explorais déjà les petites routes de forêt et d’arrière-pays, tu sembles aimer rouler sur un revêtement “rudimentaire”, je me trompe?

Yannick : Je fais de la gravelle souvent car je suis ce que me suggère mon GPS (…Rantanplan!!…) et c’est lui qui me fait faire ça! (Rires!) 

Zabel : Quand et pourquoi le “Biker sur la route” intervient dans ta vie?

Yannick : Fin 2015, j’avais l’impression de passer à côté de ma vie, que j’étais témoin de celle-ci plutôt que de la vivre. J’allais investir du temps et de l’argent pour partir à mon compte afin de faire quelque chose que je n’aimais finalement peut-être pas… 

J’avais envie de voyager! Je suis reparti à zéro puis tout s’est remis en ordre avec une nouvelle vie. J’ai acheté mon Lucky, le 15 mars on me le livrait et le 11 avril je partais à l’aventure, en route vers la 66. Ce matin-là, j’ai attendu que la neige cesse et je suis parti. Il faisait tellement froid que ça me tenait réveillé! (Rires!) J’ai donc entrepris la route 66 à partir de St. Louis, car à Chicago, c’était beaucoup trop froid, je cherchais la chaleur!

Zabel : Tes impressions sur la route 66?

Yannick : J’ai trippé! Je ne parlais pas vraiment l’anglais à l’époque. J’aimerais la refaire, je la verrais sûrement d’un autre œil. J’ai adoré l’Arizona, j’ai emprunté ses bouts de route où la végétation s’est installée, j’avais l’impression de rouler dans l’histoire. Le Nouveau-Mexique aussi m’a enchanté : Santa Fe et les maisons en adobe, wow! Ce fut mon premier vrai grand voyage solo à moto. 

En fait, ma première idée n’était pas de “faire” la 66. Je voulais simplement aller à Las Vegas, ainsi qu’au Laughlin River Run(rally motocycliste qui a lieu en avril de chaque année depuis plus de 30 ans à Laughlin, au Nevada). Je suis revenu de ce périple par le Canada, 27 jours et 18 000 km plus tard! En passant, les Prairies ne sont pas aussi “platt” que ce que l’on dit! 

Zabel : Tout s’est bien passé?

Yannick : Oui! Mais je me souviens qu’en camping dans Death Valley, le vent m’a vraiment impressionné. Couché dans ma tente, il poussait les murs violemment sur ma face! Oh oui! je suis sorti pour constater, mais quand j’ai réalisé que j’étais pieds nus sur un sol hébergeant scorpions et serpents à sonnettes, je suis vite rentré dans ma tente! (Rires!)

Zabel : C’était le début d’une série de voyages à moto se succédant au gré des saisons?

Yannick : Oui! En rentrant, j’ai fait le Roadtrip de l’Est : Gaspésie, Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick, le Maine, la Blue Ridge Parkway, le Massachusetts, la Dragon Tail, sans oublier la Virginie de l’Ouest pour le Road Kill Cook Off

Zabel :  Euh!… le Road Kill Cook Off???

Yannick : Oui! Vers la mi-septembre à Marlinton, en Virginie de l’Ouest! C’est une compétition culinaire de “bouffe” ayant pour thème les animaux que l’on retrouve souvent morts sur le bord du chemin : raton laveur, opossum, marmotte, écureuil, ours, iguane, tortue… Assez spécial! La route pour s’y rentre est magnifique! 

Cette épopée a duré 30 jours!  Dès le mois d’octobre je repartais en Floride afin d’y passer l’hiver… Il y a des événements tous les weekends en Floride l’hiver! Expositions de motos, voitures anciennes, le Daytona Bike Week, etc. Je suis revenu en avril pour la fête de ma blonde le 24. J’ai fait le trajet du retour en deux jours! Je voulais lui faire une surprise!! La première journée, j’ai fait plus de 1400 km! La surprise fut réussie!

Zabel : À ton retour, tu préparais déjà ton prochain voyage? 

Yannick : Oui! Je prévois alors visiter le Mexique avec Lucky et Rantanplan. Je consulte des blogues et des forums de discussions sur le net, car j’avais plusieurs questionnements. On entend toutes sortes d’histoires, alors je voulais prendre le pouls de ceux qui y avaient déjà été. Les pires histoires proviennent souvent de ceux qui n’y sont jamais allés… J’avais choisi ma douane, à Laredo, au Texas, et j’allais à Puerto Morelos, où ma blonde venait me rejoindre pour Noël. Entre les deux, j’improvisais. Il y avait quelques pyramides que je voulais voir et j’écoutais les suggestions de routes des locaux. Les Mexicains sont très travaillants et ils aiment les touristes. La partie nord est plutôt désertique, mais en descendant vers le sud, la végétation apparait progressivement.

Zabel : Tout s’est bien passé?

Yannick : Oui! Dans l’État du Chiapas, j’ai croisé au moins neuf barrages “non-officiels”. Deux habitants (généralement des femmes ou des enfants…) se tiennent à chaque bout de la corde et quand tu arrives, ils la soulèvent en exigeant un montant d’argent. Je voyais les Mexicains à moto contourner les barrages, disons que j’ai rapidement appris à faire de même! (Rires!)

Zabel : Qu’as-tu aimé dans ton expérience moto au Mexique?

Yannick : La liberté! Tu peux rouler comme tu veux là-bas, pas de limite de vitesse, pas de stop! Il y en a, mais personne ne les respecte, ça serait même parfois dangereux de s’arrêter au risque de se faire rentrer dedans! Les panneaux d’arrêt ressemblent plus à des “cédez le passage”…

J’avais entendu des trucs concernant le taxage de la police. Bien sûr je me suis fait contrôler deux ou trois fois, on a parlé voyage en concluant avec un serrage de mains et un “Bon voyage!”.  Ces policiers furent très sympathiques ! Je ne dis pas qu’il n’y a pas de taxage, mais je ne l’ai pas vécu. Par contre, un couple de Français rencontré sur la route venait de louer une voiture et une heure après se faisait arrêter. Un montant de 200 $ négocié leur a été imposé. Mon truc : avoir une caméra sur le casque! 

Quand je suis parti au Mexique, je n’avais pas lavé mon bike depuis des mois, je ne voulais pas qu’il reluise au risque de me faire voler! Je ne sais pas si c’est ça, mais je ne me suis pas fait voler! (Rires!)

Zabel : D’autres voyages en vue?

Yannick : Je voulais aller à Goose Bay et à Terre-Neuve en septembre,  mais je crois que je vais changer mes plans, car ça semble être trop froid à cette période de l’année… Je passe l’hiver au sud, c’est certain, et j’aimerais retourner au Mexique en concentrant mes kilomètres sur la côte ouest.

Je prévois aussi faire la route panaméricaine l’an prochain, de l’Alaska à la Terre de Feu! Puis qui sait, peut-être l’Europe!   

Zabel : Merci Yannick de ta générosité et continue de nous faire partager tes découvertes à moto!

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